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Avec le soutien du Secrétariat d’Etat chargé de l’Enfance et des Famille, et le financement d’Orange, partenaire de l’association e-Enfance, la plate-forme d’assistance Net Ecoute devient le 3018.

Ce numéro a été impulsé par la hausse des cyberviolences enregistrées depuis le début de la pandémie.

Il est désormais le numéro national pour les jeunes victimes de violences numériques. Gratuit, anonyme et confidentiel, le 3018 est accessible par téléphone 6 jours sur 7 de 09h à 20h, pour les enfants, les ados ou les parents qui ont besoin d’être accompagnés sur les problématiques liées aux usages numériques. Le 3018 est aussi disponible par tchat via Messenger ou WhatsApp.

Ce numéro court est plus que jamais nécessaire, à l’heure où certains jeunes ne font plus bien la différence entre blague et harcèlement et où tout peut basculer rapidement.

Souvent, ils parlent de blagues, de trucs faits  « juste pour rigoler ». Ils ne voient pas bien à quel moment c’est devenu grave. Claire continue à parler de « fun ». Elle a pourtant été exclue l’an passé de son lycée parisien pour avoir créé un compte Instagram acide, plein de moqueries, d’insinuations et détournements humiliants. Elle y poursuivait quelques filles en particulier, de rumeurs en photomontages. L’une des victimes a fini par craquer. Une fois le proviseur informé, tout a été très vite. Elle a depuis rejoint un autre lycée pour suivre sa terminale et commence tout juste à comprendre le mal fait. 

« C’est souvent sur un compte Instagram dont le nom commence par Gossip (potins) ou Crush (coup de coeur) associé au nom du lycée ou collège que se lancent les rumeurs », explique Jasmine, une élève en première à Janson de Sailly. « En général, ce sont juste des vannes, mais il y a aussi des noms lâchés pour faire rire ». Si tout le monde peut être visé, certaines cibles reviennent plus souvent. Et cela ouvre parfois des phénomènes collectifs. « Dans la classe, ils ont détourné une photo de Chloé. C’est vite devenu obscène. Et ils l’ont postée dans le groupe WhatsApp de la classe. Là, elle a craqué. Et j’ai pour la première fois réalisé que c’était peut être de la non assistance à personne en danger que d’avoir laissé faire », se désole Jasmine. 

À force de s’abriter derrière l’idée que c’était juste du LOL, rien de grave, beaucoup des harceleurs nient leur responsabilité. « Comme il n’y a pas d’interaction physique entre la victime et l’agresseur, ce dernier ne développe pas d’empathie pour sa proie. On appelle cela « l’effet cockpit », comme les pilotes d’avions de chasse, qui larguaient des bombes sans jamais voir les dégâts produits pendant la Seconde Guerre mondiale »

Un phénomène de bouc émissaire amplifié par les réseaux et les messageries

Presque un collégien sur deux dit avoir déjà subi des cyber-violences entre 12 et 14 ans selon l’Education nationale. Un chiffre fou. Et un jeune sur 10 de façon plus prononcée, selon Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education nationale.

L’ampleur du phénomène s’explique en partie par ce harcèlement à bas bruit. Diffus. Fait de petits messages. Avec quelques meneurs et beaucoup de suiveurs. Chacun a l’impression de n’avoir rien fait de grave. Et le silence de la victime. 

De ceux qui laissent faire. Le silence de celui qui subit. Qui s’enferme et culpabilise. 
 

« Dans 90 % des cas, les jeunes connaissent ou soupçonnent l’origine de l’attaque mais n’alertent pas leur entourage », selon e-Enfance. Or c’est le premier pas indispensable, qui s’avère souvent décisif pour faire cesser la pression. « Le harcèlement, si on n’en parle pas, ça ne s’arrête pas », répètent les intervenants.

Pour les parents, les premiers signes de renfermement doivent alerter. Le manque d’élan, le décrochage scolaire, la paranoïa, autant de manifestations de mal-être qui peuvent témoigner de cyber-harcèlement, selon Justine Atlan, Directrice générale de l’Association e-Enfance. Tout changement d’attitude doit donner l’alerte…

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